Intelligence artificielle. Idyllique ou diabolique?

Ces temps, on parle beaucoup, beaucoup, de l’IA, l’intelligence artificielle. Bonne ou mauvaise, idyllique ou diabolique?
Au détour d’un temps d’introspection m’est apparu un lien entre le mental, l’ego et l’AI, une réflexion que je vous partage ici.

Le mental est un outil humain, au même titre que notre corps de chair, qui nous permet de réaliser nos élans, de calculer, de faire des liens, de nous protéger, de nous instruire.
Petit à petit, il a commencé à prendre son rôle un peu trop au sérieux. L’existence humaine génère des émotions, messagères de la Vie, et le mental fait un tri : celles qui sont agréables, car elles donnent du plaisir, et celles qui sont à éviter, car elles dérangent. Or l’existence est peuplée d’épreuves, c’est-à-dire d’instants pendant lesquels on vit le manque d’amour à quelque niveau que ce soit et ce sont ces épreuves qui génèrent des émotions lourdes. Celles-ci sont pourtant nécessaires pour que le manque d’amour puisse être vu.

Arrive la grande séparation lorsque notre conscience choisit de se reposer sur ce que dit le mental plutôt que l’âme. C’est plus facile, on te dit que faire ou ne pas faire. Fais ceci, tu seras important, tu te sentiras utile et aimé, ou alors, ne fais pas cela, tu auras l’air ridicule, on va se moquer de toi et tu te sentiras nul et rejeté.
Alors le mental est devenu ego, celui qui sait ce qui est le mieux. Il a mis masques et même carapaces pour protéger les blessures intérieures, celles qui, pourtant, sont l’essence de l’aventure de l’existence humaine. Il s’est cru quelqu’un, il est devenu une personnalité. Une personne avec un corps et, allez, une parcelle divine.
La conscience se laisse facilement étouffer par ses énergies, basses mais tellement rassurantes.

Oui, mais… La force de Vie est puissante, plus que tout. Et quelque part au fond, l’âme pousse à reprendre sa place centrale, appelle la conscience. Elle sait que tout ceci n’est que distraction et que, un jour ou l’autre, l’aventure devra continuer. La conscience ressent l’étouffement et là sont générés d’autres émotions et sentiments qui viennent de la profondeur de l’Etre et non plus de la superficialité de l’existence. Et l’ego s’agite, car ça, il ne connaît pas…

Il ne connaît pas et ne sait pas quoi en faire. Ces ressentis profonds sont très présents, ils appellent à se détourner de l’ego et à se tourner à nouveau vers l’Etre, l’Ame.
«Quel danger ! Pour l’humain, qui ne se rend pas compte de toutes les émotions difficiles potentielles que cela pourrait lui amener ! Et pour moi : que vais-je devenir si seul le mental, l’outil, est désormais utilisé et que je ne suis plus écouté ?» Panique à bord !

Alors il faut mettre le paquet, lancer le doute.
L’introspection est liée au vide, au lent, à l’immobilité. «Est-ce que tu ne te sens pas plus vivant lorsqu’il se passe plein de choses ? en bougeant ? en allant vite ? Est-ce qu’il n’y a pas plus d’émotions ?» En définitive, cela demande presque un effort de s’éloigner de cette agitation, comme il est difficile de ne pas regarder un écran allumé dans un bar… De dire «Laisse-moi tranquille, tu m’attires vers des choses inutiles et je veux rester à l’essentiel.»

Le corps, en tant qu’outil de l’âme lui aussi, ressent et fait savoir ce qui lui manque à force de facilité et de superficialité. L’homme ne marche plus ? Il fera du sport au fitness ! Il se fatigue à s’agiter sans cesse ? Il va partir en vacances ! Il n’en peut plus d’aller vite, tout le temps ? Il partira se «ressourcer» !

Oui, mais… La force de Vie est puissante, plus que tout. Et quelque part au fond, l’âme pousse à reprendre sa place centrale, appelle la conscience… Alors l’ego passe au niveau supérieur.
Puisque l’humain se pose des questions, résiste à l’ego en cherchant à s’en libérer, à guérir ses blessures plutôt que de les nier, bref, puisque le subterfuge a été en grande partie éventé, il faut plus subtil. Puisque l’humain pense quand même, il faut à présent non seulement amuser la pensée et la distraire de l’appel de l’âme, mais aussi éviter qu’il ne pense trop par lui-même.

Et l’IA dans tout ça ? C’est justement, pour moi, le niveau suivant.
L’IA amène le luxe, la facilité d’arrêter de réfléchir. Plus, besoin de réfléchir : «la soluce est sur le site» ! Plus besoin de s’instruire, toutes les infos sont sur internet. On se pose une question : la réponse arrive rapidement. Mais d’où ? Des profondeurs du coeur ? Non, d’un résultat de moyennes statistiques, de compilation de données.
L’IA apprend d’elle-même, évolue, se développe. Oui, comme le mental d’un humain, mais là, quelle source de Vie génère les liens, choisit ce qui est bon ou pas pour l’un, ou l’autre ?
La machine va aller de statistiques en statistiques pour affiner ses réponses et suggestions, mais n’y a-t-il pas quelque chose au-delà des chiffres, incalculable, non étiquetable, 200 % unique ?
Et ensuite ? Dans bien des films de science-fiction, d’anticipation disait-on, la machine décide de prendre le contrôle. Comme l’ego s’est appuyé sur le mental, l’IA pourrait s’appuyer sur la technologie et surtout, surtout, notre dépendance à celle-ci pour mettre en place «le meilleur des mondes». Sera-ce celui dont vous rêvez ?

L’IA n’est qu’un outil de plus, une étape dans l’existence de l’humanité. A nous de ne pas lui donner de pouvoir, de se rappeler que le progrès est à notre service et doit le rester. En aucun cas nous ne devrions, nous, être à son service, et même éviter d’en être dépendant, le plus possible. On ne va pas vivre comme au temps des cavernes… mais il nous faut choisir en toute conscience où nous voulons diriger notre attention, être conscients de ce que nous donnons de nous aux autres, à la Nature, à la Vie… ou à la superficialité, à la technologie. Rester attentifs à nos réels besoins. Ne pas forcément céder à la facilité.

Encore une fois, revenir à soi. En toutes occasions, à chaque instant.
Etre à l’écoute de son coeur, de son âme, pour être moins attiré, moins sensible aux tentantes mais fausses promesses.
Revenir au calme et à la lenteur, ne pas hésiter à dire stop et à prendre son temps, afin d’agir selon l’élan venu de la profondeur.
S’ancrer au fond de soi pour ne pas se laisser aveugler, ni déstabiliser.

(Image par Vicki Hamilton de Pixabay)

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *